mardi 3 novembre 2015

#littoralflou

   C'est parti de cette idée : partager des photos, à la mer, mais en me racontant le moins possible. Et inviter celle ou celui qui voit ces photos à se raconter.

Ce qui est hors du cadrage de la photo, n'existe que pour l’œil du photographe. (Ou pour la banlieue de son regard.) 
Alors, pourquoi ne pas élargir cette "banlieue du regard", ce bord, en me servant du flou ? Agrandir les marges de ce qui est montré, et y inviter la subjectivité de celui qui voit l'image.
Avec l'intention que chacun fasse exister ce qu'il veut dans ce flou.

Donc, ce parti-pris : prendre une série de photos avec un appareil insignifiant (celui d'un smartphone très moyen), muni d'un filtre vignetant les prises de vues d'un halo de flou automatique. Les accompagner d'une légende. Les poster sur mon compte Twitter en (quasi) temps réel. Les accompagner du mot-clé #littoralflou comme fil conducteur de cette série en ligne.

Et voilà donc ladite série, ci-dessous.

Ici des lampadaires fantômes regardent vers le large.
 Ici, les voiliers se sont déshabillés.
 Ici le caniveau est si grand que la moindre lueur provoque des étincelles.
 Ici, montrer au juste chiffre la patte blanche correspondante  
Rencontre du premier autochtone sur le
Elle arpente.  
Et le père La Boule d'Or s'étire les rayons, de tout son long.
 Ici, quand naît un nouveau pêcheur, on sort le carrelet rose.
Et quand un nouveau arrive, alors un ancien pêcheur se fond dans le décor.  
Machine à grossir ce qui est vague
 Un autre autochtone matinal  
 En se débattant, les dernières feuilles sonnent comme l'averse.
 Plongeoir au cube. Ça, c'est du grand bain.  
 Dura lex sed lex sur le
 Rentrée au printemps, c'est à l'automne que la moto ressort.  
 Soleil écrasé par un rouleau de nuages.
 Un chien aboie, elle passera plus tard.  
 Caillou comestible, firmament de Ponge.


NB :

L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.


F. Ponge, Le Parti pris des choses, 1942

 

 Saignée transparente du
 Un départ imminent. Le puits, c'est tout.
 Fin. La route, déjà. Départ du
 

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