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C'est, chaque premier vendredi du mois, un échange de textes, voire
d'images ou de sons, entre deux sites/blogs volontaires, idée lancée
initialement par Tiers Livre et Scriptopolis.
- Ce sont des rendez-vous qui s’opèrent notamment grâce au groupe Facebook dont Brigitte Célérier est l'âme. Alors merci. Elle administre aussi le blog qui, mensuellement, regroupe tous les participants.
Aujourd'hui, je laisse la parole à Ana NB, et à son texte très touchant, hommage au jeune Darius...
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Le printemps de Darius - par Ana NB
tout est loin
le geste
les corps
le cri
le corps
la maison
le bidonville
la ville
le ciel
le jour
la nuit
il
manque une photographie - une photographie d'un enfant - il manque une photographie comme un
temps arrêté avec quelque chose de vivant - un corps en mouvement - bras jambes
torse cheveux - un regard regarde notre regard - il manque une photographie de
Darius
revenir à ce jour du vendredi 13
juin 2014 - Darius est enlevé lynché abandonné comme une chose dans un caddie
- dans une ville en France - c'est
le printemps - c'est bientôt la fin du printemps -
c'est une histoire
c'est une affaire
c'est un lynchage
c'est un massacre
c'est un crime
Darius a perdu connaissance le corps plié comme une
chose
j'ouvre la fenêtre - bleu sur vert
j'ai appris - je lis dans le
journal sous la rubrique «histoire»
Darius n'est pas vivant
Darius n'est pas mort
Darius est là
là quelque part dans une pièce
obscure - la terre se vide le jour
se vide la nuit se vide la lumière se vide le cri se vide
j'ouvre la fenêtre - vent soleil
nuages
c'est un homme
c'est un jeune homme
c'est un adolescent
c'est un enfant
c'est un fils
c'est un
c'est
et ses pieds battent la terre et
sa tête bat la terre et son corps bat la lumière et ses yeux battent le vide
c'est un crime avec la chair le
corps le visage le cœur la langue le sang de Darius
tout se referme
là quelque part - douze ombres
et une ombre renversée -
on parle de toi Darius - on parle de toi ce matin à la radio on
parle de toi et des 17000 comme toi qu'on appelle ROM - on parle de problème on
parle de question on parle de travail on parle de la langue française on parle de pauvreté on parle de
violence - on parle
Wall Street est magnifique !
construisons ensemble notre
avenir !
ma profession ex maître du monde
!
là où coule le sang l'art
est possible !
j'ouvre
la fenêtre - la nuit est là - je regarde la nuit
on
dit que tu viens d'arriver en France on dit que tu vis dans un petit bidonville dans un baraquement une
baraque une maison une espèce de maison
Paris manque d'argent !
le président fait le dos rond !
ma profession danseuse de bal
ardent !
là où coule le sang le silence
est possible !
tu es quelque part
entre la vie
entre la mort
tu es là
Darius
Finalement, il ne faudrait pas commenter.
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