vendredi 30 mai 2014

Vases rapatriés #1 : Un portrait irrégulier - avec Giovanni Merloni


Elle ne s’en remet pas.

Pas encore tout à fait, de sa fusion consentie avec son proche environnement. Elle s’en tient le ventre, veut éprouver sa chair, éprouver les matériaux qui l’entourent, comme ces tours, ces transparences, cette table support qui lui rappelle qu’elle est là où elle a choisi d’être.

Au loin l’attend depuis toujours une galerie noire, à la toiture triangulaire sans fin, recouverte de suie. Un chalet sans montagne tout autant qu’un tunnel pyramidal, sans grand espoir d’une sortie.

Aurait-il fallu prendre le temps de considérer ce point de fuite inexorable de charbon, au loin ? Peut-être pas, quand on peut être si bien, juste là, en tâtant ses propres cheveux au travers d’une tour qu’ils transpercent. Une tour à taille humaine qui abolit le lointain.

Elle n’entrera pas, l’inévitable ne sera plus guère qu’un choix. Et un refus, en l’occurrence.

Cet aileron, dans son dos, lui appartient-il encore ? Ou a t-il rejoint déjà l’environnement proche avec lequel elle s’entremêle ? Et ce tabouret circulaire, est-il une excroissance de sa colonne vertébrale ?

Elle s’en fiche et voudrait nous deviner, sur ce seuil qui l’enracine doucement, dans lequel elle se fond avec lenteur, silhouette gironde et anguleuse, aimante et perdue. Elle se demande certainement ce qui nous surprend, chez elle.

Illustration : Giovanni Merloni
Texte : François Bonneau 


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