vendredi 3 juin 2016

И потом : accueil d'Hélène Verdier, en ces vases communicants de Juin.

Vases communicants ?

- C'est, chaque premier vendredi du mois, un échange de textes, voire d'images ou de sons, entre deux sites/blogs volontaires.

- Ce sont des rendez-vous qui s’opèrent notamment grâce au groupe Facebook dédié,



c'est désormais Marie-Noëlle Bertrand qui dresse, (merci !), le carnet de bal.
Ravi, donc, de ré-accueillir Hélène Verdier, dont les images et les mots arrivent toujours à faire mouche ; ou alors, j'ai réussi à louper les fois où ça n'était pas le cas. Ce qui est une autre gageure.
Nous sommes partis de l'image, pour cet échange. Nous nous sommes envoyés de belles salves de photos, n'en avons retenus que trois chacun, et avons bâti de la fiction autour.

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И потом
 
Texte : Hélène Verdier
Photos : F.Bonneau

Alexandre Nevski 
Lorsque l'homme demanda à l'enfant-chou de choisir une image, ce dernier tomba en arrêt devant celle du guerrier coiffé d'un heaume. Qu'il fût de cuir importait peu, il ne voyait que le métal percé et repercé, les mailles de fer, les yeux d'un guerrier blond, les infinis glacés, les accolades avant la mort, et surtout il entendait la bande-son. Son visage regardait vers l'ailleurs, l'enfant-chou se taisait.



И потом ? l'enfant resta muet. 
Lorsque plus tard, une nouvelle fois, il regarda le film, il tenta en s'aidant des sous-titres d'entendre quelques mots de la langue sitôt apprise sitôt perdue. Et il ne reconnut que ces deux-là. И потом. Et Après ? I patóm, phonèmes d'un autre lieu, d'un autre temps, et tout l'épique de l'enfance lovés, là.

L'enfant chou
L'enfant devenu grand gardait aussi dans un repli de sa mémoire-chou les cours de russe dans l'arrière-salle d'un café, aujourd'hui rasé,  au pied de l'Esplanade, pour laisser place à un tunnel-toboggan autoroutier dans la ville où devait pousser par la suite, et en ce même lieu, un Corum — où l'on donnerait  du Prokofiev. 
Il pensa à Monsieur Skolaroff, le professeur exilé que le destin qui n'y voyait malice avait conduit à apprendre le russe aux sympathisants de la révolution d'octobre dans l'arrière-salle verte du café où se tenaient les cours, et sans doute parfois les réunions de la Cellule. L'homme-chou entendit alors le professeur dire ces mots : И потом...
Le cerveau de l'homme-chou, parmi d'autres cerveaux
Et après, rien... l'enfant-chou avait remisé les souvenirs des cours de russe comme un trésor inexprimé dans la tirelire en forme de cochonnet qu'était le cerveau de l'homme-chou. L'un et l'autre ne faisant qu'un, ils songèrent à l'abolition des privilèges et à celle de l'exploitation de l'homme par l'homme. Le monde n’avait pas changé de base.

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