dimanche 17 mars 2013

Lecture - Albane Gellé - Si je suis de ce monde



Tenir à bras sacs et poids lourds et nuages serrés cailloux à plier dos et les genoux puis banc de sable en éclaircie entre une rivière et un fleuve, à s'ébrouer la tête noire (devant tout près aigrette blanche sur une seule patte debout).

***

Tenir cadence de ses désirs joies troubles emportements et fougues malgré les têtues tentations galops lumières ou rênes longues la tête est dans le corps debout

Albane Gellé, Si je suis de ce monde, Cheyne éditeur, 2012, p.33 et p.34


Au bout de trois poèmes elle est là, retrouvée, la musique d'Albane, ce rythme qui affirme sa présence, qui attend qu'on l'accueille sans jamais s'imposer. 
 Le recueil rassemble une suite de poèmes unis par ce simple parti-pris : chaque pièce commence par "tenir", se termine par "debout", mantra simple et essentiel.
 Cet ensemble s'ouvre par quelques lignes manuscrites de l'auteure, et qui évoquent trois souvenirs fragiles épais cherchant à voir par dessus bord maladroitement posés debout. La fragilité assumée, la maladresse acceptée (à laquelle on ne croira pas, en ce qui concerne le développement de cette écriture au fil des pages), mais le refus d'une autre position que celle d'humain, dressé, debout malgré tout : humilité, sans renoncement, et sans se courber devant l'obstacle. Nous voilà parés à la variation.
 Quand, dans son recueil Je te nous aime (chez Cheyne également), les textes formaient des lignes aériennes tout en haut des pages, les poèmes sont ici centrés. Chaque pièce est cible, renouvelée par celle qui suit. Variation donc, sans aucune monotonie.
  C'est une lecture qui réconforte, qui cueille et passe bien trop vite. Manifeste contre le renoncement, contre l'avachissement, pour la douceur active, pour le plaisir d'être soi, malgré tout. Debout.


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