"Le froid est intense, mais ce n'est pas le froid.
Le quai ne vibre plus il est calme, mes pieds n'en croient pas leurs orteils.
Même la lumière est différente quand on descend.
Les voyageurs regardent à gauche et à droite, perdus, contrairement au train le quai ne donne aucune direction, on peut le parcourir à rebours.
Je marche ; les passagers se sont orientés et leur flot me guide vers la sortie, la gare est encombrée et bruissante, un immense panneau d'affichage lumineux annonce Moscou, Irkoutsk, Vladivostok, m'y voilà. Pourquoi suis-je venu jusqu'à Novossibirsk, Jeanne m'avait bien prévenu, ça ne sert à rien ce voyage, c'était peine perdue, je suis venu pour te ressusciter, pour mourir moi-même, pour te rejoindre moi-même je crois et nous trouver une tombe sibérienne, et dans ces premiers pas sur le sol fixe de la Sibérie, un vrai sol qui ne soit pas celui du train, je peine à marcher et j'ai froid."
Mathias Énard, L’alcool et la nostalgie, Babel 2012 (initialement Éditions Inculte, 2011)
C'est un trajet en train à travers la Russie. Mathias escorte le corps inerte de Vladimir jusqu'à son village natal, et pense à Jeanne, elle bien vivante, qui complétait leur trio compliqué. Défilent trajet et souvenirs. Plutôt court, touches d'amertume ; à lire bien frais.
Ce petit fichu fushia en arrière plan... Pardon, je suis hors-sujet.
RépondreSupprimerC'est un canapé ! ...Ce qui n'enlève rien aux mérites du bouquin.
RépondreSupprimerOui, ce livre qui raconte, aussi, comment un type qui voulait composer un road-movie à l'américaine en vient à écrire un "train-movie" à la russe.
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