lundi 3 octobre 2011

Pâtissier

Que je te les pain-t'au-chocolate à tour-de-bras, les yeux des passantes. Mes bras aussi sont en vitrine. 
Je ne suis pas sûr de faire envie, semblent dire mes rares cheveux, sans bruit, avec une modestie calculée. Mais seulement mes ongles, très framboises en cas de façonnage de tarte, les contredisent : virilité du geste. Du fruit rouge sous l'ongle, ça donne à réfléchir, que m'adressent les regards d'une promeneuse ou d'une autre. Surtout celles de l'avant-aube. J'ouvre bientôt, l'étalage se remplit.
Je suis le pâtissier dans son labo-vitrine, je gaspille très peu. Les ingrédients qui me tâchent sont ma publicité, et les regards des femmes me donnent souvent raison.
Narcisse à la poche à douille.
En voilà encore une. Cet œil-de-biche passant trouve des emplois toujours plus ludiques, à chacun de mes ustensiles. Je sens dans sa pupille des intentions sucrées. Mais que la promeneuse ne lèche que la vitrine, ne franchisse pas sa rêverie, je n'attends rien de plus que l'humidité de son œil.
Un jour sur deux, la pâtissière remplit l'étalage avant l'ouverture. 
Je suis le pâtissier. Je calcule mes effets, et je me le répète : non, les hommes, eux, n'ont aucune imagination.

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